L'alcool n'était décidément pas son fort. Certains pourraient dire que Noah n'était vraiment pas marrant à s'abstenir de boire ou fumer plus qu'il ne le devrait mais il s'en fichait. Il emmerdait tout le monde, en même temps. Le fait est qu'il ne supportait pas perdre le contrôle de lui-même, c'était quelque chose qui lui faisait clairement horreur. Ainsi la condition de loup-garou n'était pas facile à vivre en toute circonstance, alors en rajouter une couche juste pour s'abrutir au possible avec de l'alcool ou autre : bof. Et puis, au-delà de ça, il n'en avait pas besoin pour mettre l'ambiance. Il se souvenait de son strip-tease qu'il avait fait sur une table au milieu de filles en délire, il y avait quelques années de ça. Il était bien reparti avec quatre demoiselles rien que pour lui sous le bras mais les avait larguées par simple plaisir de voir leurs airs déçus. Bref. Grâce à lui, tous les mecs avaient fini quasiment en caleçon, et ça peut paraître con comme ça, mais en ce temps-là, c'était drôle.
Noah poussa un long soupir de lassitude, appuyé contre le mur de la salle commune des Hytrist, où se déroulait une des plus grosses fêtes de l'année. Pourquoi ? Va savoir. Un débile avait dû crier que ce soir-là, ça serait soirée assurée et la rumeur se répandant, tout le monde avait fait en sorte de ramener alcool, tabac, tout ça... Noah, lui, était venu les mains vides. Il n'allait quand même pas se faire chier à apporter un truc auquel il ne toucherait pas du tout, si ? Bien sûr que non. « Bon, t'as vu une fille qui en valait la peine, toiiii ? » lança un mec un peu éméché sur les bords. A deux heures du matin, fallait bien que ça arrive... « Nan, pas encore. Mais vu ton état, t'iras pas très loin même si tu t'en trouves une. T'es capable de te tromper de trou. » L'élégance de l'alpha quand il s'ennuyait profondément. Il faut dire que la veille avait été particulièrement difficile pour lui, étant un soir de pleine-lune. Il n'avait donc pas vraiment dormi, une heure à tout casser, et la fatigue commençait à peser. Ça sentait la migraine à plein nez. « Yaaaah. Je sais où qu'c'est, l'anus ! » Noah haussa un sourcil. Super, il connaissait à présent les penchants de son soit-disant pote. En réalité, il n'aimait pas du tout sa compagnie et ne se gênait pas pour lui dire de dégager en général, mais pour l'heure, rejeter des personnes plus faibles que lui n'était pas la meilleure chose à faire. Une quelconque résistance lui donnerait envie de le frapper, et on ne frappe pas les plus faibles. Il resta donc muet et le laissa fantasmer dans son coin, se décalant de quelques pas. « Tu veux pas, toi ? Dis, tu veux pas ? » Ce boulet revenait même à la charge, en se rapprochant dangereusement de son visage. Vouloir quoi, donc ? De lui ? Hahaha. Hahahahaha. Qu'est-ce qu'on se marrait ce soir-là. Noah n'en pouvait vraiment plus ; il n'y avait pas plus grincheux que lui, quand il était à bout de nerf et épuisé. « Me faire prendre ? Non merci. » Il le repoussa doucement de quelques pas puis donna une légère impulsion sur le torse pour le faire faire dégager beaucoup plus loin. A quoi bon contrôler sa force ? Ce con n'avait qu'à éviter de l'énerver. Le loup tourna aussitôt les talons et sortit de la salle commune en soufflant, excédé par cet énergumène idiot qui s'improvisait soudainement homosexuel. Du calme, pitié, du calme.

On entendait encore la musique depuis le couloir, bien sûr, et l’ouïe affinée du loup ne l'aidait pas vraiment à faire totalement disparaître le brouhaha de tous les élèves. Cependant, la différence était considérable et non négligeable. Noah passa rapidement une main dans ses cheveux pour les ébouriffer, il souleva le bas de son tee-shirt pour se rafraîchir dans la mesure du possible puis plongea ses mains dans les poches de son pantalon avant de longer le couloir, silencieusement. Pas un rat mort, ça faisait du bien d'être seul. Et dire qu'il se serait sûrement amusé s'il n'y avait pas eu cette putain de pleine-lune pour lui drainer toute sa force la veille. L'alpha avait beau être habitué, depuis toutes ces années, il avait encore des courbatures partout les lendemains. A se demander comment il tenait encore debout. Un pas après l'autre, il progressait dans le corridor, la vision floue, le regard las, en quête de sérénité. Si seulement il pouvait sortir de ce foutu château. Le jeune homme adorait cet endroit où il avait trouvé des amis, presque une famille de substitution, des amourettes, mais les inconvénients faisaient souvent... bien chier. Depuis son arrivée, il avait dû enfreindre les trois quarts des règles de l'école ; c'était même une habitude. Pour simple exemple : les relations sexuelles étaient interdites au sein de Mriya Shkoly. Sans rire ? Quel être humain sain pourrait rester en couple avec sa main jusqu'à ses vingt-quatre ans ? Noah ou sa vision de la vie. Cool. Contrer le système paraissait une évidence pour lui, ainsi il avait convenu d'une relation purement sexuelle avec une de ses amies. Pratique. Anna était un bon coup, et il se trouvait chanceux, dans le fond, même s'il ne le criait pas sur tous les toits. On pouvait bien les prendre pour un couple, ces deux-là, mais tous deux nieraient les faits : c'était bel et bien faux. Sans doute le beau brun ne se voyait pas officialiser la chose avec la ravissante Leniwy. Ah ça, elle avait tout pour elle, irrésistible des cheveux jusqu'aux ongles de pieds. De fines jambes, une taille à toutes les faire jalouser, une poitrine qui ne ressemblait pas à deux obus mal entretenus, de longs cheveux bruns qui sentaient bon. Oh. Y penser le fit sourire. Elle était mignonne, en plus, il aimait bien s'occuper d'elle. Lui faire des bis---- Gah. Noah se rattrapa de justesse, histoire de ne pas se casser les dents, s'étalant de tout son long au sol comme une crêpe qu'on aurait raté. Il s'était pris les pieds dans quelque chose mais dans quoi ? « PUTAIIIIIIIIIIIIIIN. » Rage, mon petit, rage, il faut extérioriser sa haine. Les fesses en l'air, il se releva à quatre pattes - que voulez-vous, c'était un loup - en secouant la tête. Les veines de ses bras ressortaient comme si on lui avait arraché la peau, exprimant l'énervement soudain, la surprise et la vague de chaleur que la chute lui avait asséné. Noah poussa un râle discret de loup prédateur et s'allongea par terre, sur le dos, épuisé. « Tuez-moi. » Pour qu'il se mette à parler seul, c'était que ça devenait critique dans son cerveau. Il tourna la tête, distrait, le regard vide de toute pensée. Quelle ne fut pas sa surprise - encore - quand il découvrit le corps inerte de la jolie Leniwy à qui il pensait quelques secondes plus tôt. Sa jambe était étendue et dépassait de l'encadrement en pierre de la porte d'une salle quelconque. C'était pas malin de s'allonger contre une porte, en même temps. Et ce con de Noah avait trouvé le moyen de trébucher contre sa cheville. Il lâcha un soupir et s'avança vers elle en se remettant à quatre pattes. Il se fichait bien de perdre sa classe et son swag quand il n'y avait personne ! Mais pourquoi était-elle aussi comateuse, elle ? Il avança ses lèvres au niveau des siennes et, aucun doute, elle devait être bourrée, à en croire les effluves d'alcool qui se dégageaient de son souffle à demi-mort. Un sourire lui vint instantanément. « Yah, babo ! Qu'est-ce que tu fous là ? » Il pressa le petit nez d'Anna entre son pouce et son index puis pinça sa joue avant de déposer un fin baiser à la commissure de ses lèvres, accompagnant ses gestes d'une moue de bébé. Oui, il aimait lui faire des bisous, on a dit. Il avait l'air d'un gamin, accroupi en face d'elle avec un sourire qui respirait la tendresse. Mais il était mignon, alors...

« just wanna touch you for a minute, maybe three seconds is enough for my heart to quit it. » let's play a lovegame.

Une journée longue, épuisante et interminable qui s'achevait encore une fois sous le même rythme que les autres, la nuit avait d'ores et déjà recouverts le village, les rues se vidaient pour ne se remplir que quelques heures plus tard et les foyers se complétaient tandis qu'à mriya les sorciers en herbes ne faisaient que commencer à sortir de leurs tanières. Et tandis que tous se réfugiaient chez eux ou tout bonnement dans l'académie, Anna se cacha sur le bon toit de l'académie qui était devenu depuis peu son endroit de prédilection, qu'il fasse bon, mauvais, qu'elle soit d'humeur ou non. Ses doigts se crispaient contre la barrière qui l'empêchait de passer de l'autre côté, et sa respiration s’accélérait chaque seconde où elle osait observer le vide, son vertige se faisant de plus en plus oppressant, elle n'osait ni reculer, ni continuer d'observer le fond de la cour bétonnée. Un sourire vint briser la dureté de son visage terrifiée à la sensation de la sonnerie de son téléphone, un sourire discret, mais présent. Sans toucher son téléphone, effrayée par l'idée de basculer de l'autre côté si elle lâchait la rambarde, elle sut de quoi s'agissait l'appel. Le vent tiède mais sévère qui soufflait sur son visage fermé et laissant un doux goût de fraîcheur commençait à la déranger, et après avoir clos ses yeux elle poussa contre la barre ferraillé heurtant le sol de plein fouet. Soupirant une énième fois, avant de se relever pour de bon.

D'un coup sec et agressif, Anna claqua la porte de sa chambre personnelle tout en se trémoussant dans sa robe voilée d'une autre complètement transparente et perchée sur sa bonne paire d'escarpins trop grands pour elle. De son étage, la moldu arrivait à percevoir des échos de la musique battante à fond dans le sous sol de l'académie et s'étonna encore une fois qu'aucun surveillant n'ait stoppé net tout ce chaos, mais elle s'en plaignit pas non plus. Cette fête avait été annoncée comme la plus grande et folle de toute l'année, voire de la décennie selon certains, pour Anna c'était une soirée à ne pas manquer, surtout pour se vider l'esprit sous une bonne tonne d'alcool et se noyer dans la foule de sorciers qu'elle ne connaissait pour les trois quarts ni d’Ève ni d’Adam, mais dans le fond, c'était ça qui était excitant. La cage d'escaliers qu'elle empruntait toujours empestait déjà l'alcool, une odeur étrange de fumée et celle de plastique usée. Inutile de s'y attarder plus longtemps pour comprendre que ce n'était pas un barbecue qui avait provoqué tout cela et que ça ne datait pas d'hier. Et plus elle s'engouffrait dans les escaliers plongés dans l'obscurité, plus l'odeur était forte et insoutenable. Mais il y régnait également un silence plaisant et reposant, qui se brisait à chaque fois que son talon choquait une marche, bruit qui se finissait toujours par se réduire en silence. Arrivée au sous-sol, Anna poussa la porte et chercha quelque peu nerveusement d'où provenait le brouhaha incessant, ce qui était, sans surprise, aussi compliqué que de voler sa sucette à un mioche. L'idée seule de voler une sucette à Juliana lui extirpa un sourire, autant nostalgique qu'amusée, même si c'était ni le moment, ni l'endroit de penser à son monstre sur pattes. Sans attendre bien longtemps, l’apprentie sorcière piqua une bière à droite et un joint à gauche et s'isola dans les toilettes d'une des chambres. Elle s'assit sur le lavabo en plutôt bon état, contrairement au sien, laissant ses jambes se balancer dans le vide et ses talons aiguilles heurter le sol provoquant des petits cliquetis du même rythme que la chanson qui jouait et qu'elle entendait parfaitement de son cocon. La brune s'étira de toute sa hauteur manquant de se prendre le sol en marbre ou de briser le miroir avant de son sortir son zippo de son décolleté, parce qu'elle était bien belle dans son ensemble, mais c'était bien les poches qui manquaient dans cette foutue robe.

Un soupire, puis deux, suivis d'un « Un dernier shot, allez ! » insistant de la part du hytrist qui n'avait sûrement en tête que de pures et bonnes intentions comme passer le reste de la nuit avec Anna à jouer au scrabble vu sa façon de se presser contre son dos alors qu'il ne pensait qu'à la foutue couleur rose de sa petite culotte, comme quoi la télépathie n'avait pas que de bons côtés... et encore moins bourrées. Mais c'en était sûrement être trop pour elle, qui pour la première fois de la soirée repoussa le verre d'une main tremblante et hésitante. Et trébuchant inévitablement après s'être appuyé sur le même hytrist qui n'était pas plus stable, elle poussa un joli juron pleins de finesse. Le premier mot qu'elle prononça de la soirée en quatre heures. Elle se fraya un chemin parmi la masse de sorciers qui exhalaient la transpiration et une odeur insoutenable d'alcool, bien que le cas d'Anna n'était pas isolé et qu'elle devait dégager le même relent d'alcool, et se dirigea lentement vers le couloir qu'elle espérait libre.
Le silence régnait encore une fois dans le couloir, semblable à celui de la cage d'escaliers. Elle tituba tant bien que mal jusqu'à une salle quelconque, la vision toujours plus floue, et le cœur battant toujours plus fort. Puis elle succomba. Au sol, les genoux déchirés dans le carrelage, et les mains qui avaient tenté tant bien que mal de se raccrocher au mur meurtris. Elle continua son bout de chemin à quatre pattes, et elle ne ferait pas long feu si le pervers faisait une miraculeuse réapparition et qu'il voudrait jouer au trivial pursuit cette fois.. elle secoua la tête rien qu'à l'idée que ses mains chaudes et baladeuses ne lui ôtent ne serait-ce que sa robe transparente, il n'y avait pas moyen et elle avait intérêt à ne plus faire sa chieuse et continuer à ramper jusqu'à une pièce libre. Et tout aussi inconsciemment qu'elle a enfilé tous ces shots de vodka les uns après les autres, et qu'elle ait fumé plus qu'autorisé, elle s'allongea dans l'encadrée même de la salle et s'assoupit.

Bordel... c'était quel crétin au juste qui avait cru bon de lui shooter dans le pied comme si c'était un ballon de football au juste ? Et qui avait par la même superbe occasion réussi à réveiller la belle au bois dormant qui semblait être partie depuis une bonne demi heure. Le courant d'air fouetta cette fois ci son visage pour s'assurer qu'elle ne s'endormirait plus, et n'avait rien d'agréable contrairement au vent printanier qui avait caressé son visage quelques heures plus tôt. « Tuez-moi. » Cette voix... Anna aurait pu la reconnaître entre une bonne centaine de personnes, mais pas cette fois. L'idée de hurler au violeur ou même à l'aide lui avait traverser l'esprit comme un éclair avant qu'elle ne s’adoucisse en entendant de nouveau la voix de son... ami lui souffler au visage. «  Noah .. ? Oh wow... » vérifia tout de même la néerlandaise avant de se relever et de lui sauter au cou pour y déposer une multitude de rapides et légers baisers. Elle se devait de l'avouer, mais le côté gentil garçon que Noah avait la rendait quelque peu, voire à peine euphorique.. et surtout dans l'état qu'elle était, il pouvait même empester la mort qu'elle n'en aurait rien à faire. « ça me fait tellement plaisir de te voir, tu ne peux pas imaginer. » et se redressant à la vitesse de la lumière pour quelqu'un qui a un bon gramme d'alcool dans le sang, elle le tira de sa main faiblarde tout en jetant de son pied tout ce qui était susceptible de se mettre sur son chemin. « J'ai envie de toi, là, lui souffla d'elle dans l'oreille de sa voix se voulant suave. Maintenant. » Bon elle était un peu perchée et salement amochée par l'alcool et le shit, mais c'était pas ça le plus important, quand même pas, si ?

C'était mignon de le voir retrouver le sourire rien qu'avec un baiser de la belle Anna, aussi petit soit-il. Ils étaient très bien ensemble, de toute façon ; Noah ne se rappelait pas une seule dispute. Bon, il avait peut-être tiré la gueule une ou deux fois pour un refus injustifié, mais rien de vraiment important. Alors après presque un ans, qui pouvait encore douter de leur complicité. Connaissant bien la demoiselle, il ne fut aucunement surpris quand elle lui sauta au cou pour l'embrasser. On aurait dit qu'elle retrouvait son louveteau adoré, après sept ans d'absence. « Ça me fait tellement plaisir de te voir, tu ne peux pas imaginer. » A ce point-là ? Il mit ça sur le compte de l'alcool ou toute autre substance pouvant gaiement se promener dans le sang de l'élégante jeune fille. Enfin... élégante. On s'accorderait bien à dire qu'il y avait sûrement mieux dans cette discipline mais disons que sa beauté semblait si inatteignable que même la voir écorchée relevait de l’œuvre d'art. Comment ça, c'était exagéré ? Les plus belles créations sont les plus folles, après tout, chut. Enfin bref. « Ravi de l'app--- » Noah n'eut le temps de rien dire ou même de faire quoi que ce soit qu'Anna se levait comme une furie en tentant de l’entraîner par la main. En réalité, il fit les neufs-dixième du travail, la demoiselle ayant une force de moustique paraplégique qu'on aurait trempé dans du vinaigre. Autrement dit, elle lui avait tenu la main et c'était déjà bien pour quelqu'un dont les capacités étaient probablement au niveau zéro. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, elle dégageait un certain dynamisme. Un soupir s'effondra dans l'air en quittant les lèvres de l'alpha qui ressentait à nouveau la fatigue lui tomber sur les yeux et dérailler peu à peu les connexions entre ses neurones. Hé non, lui il ne savait pas être épuisé et énergique en même temps, mais il fallait qu'il prenne sur lui, rassemblant toute la patience dont il était capable. Pour la simple et bonne raison qu'il ne pouvait pas laisser Anna dans cet état. Il aurait trop peur de recevoir un message lui assurant que la belle avait succombé à son intoxication en rampant dans un couloir, le lendemain. Qu'allait-il donc faire d'elle ? La ramener à sa chambre et dormir avec elle au cas où elle déciderait de vomir partout pour se purger semblait une bonne idée. Anna avait la chance d'occuper une chambre entière à elle toute seule, autant en profiter ! « J'ai envie de toi, là. Maintenant. » Visiblement, elle, elle voulait en profiter d'une tout autre façon, d'ailleurs... Ah, c'était pas Noah qui allait s'en plaindre, évidemment, mais lui donner ce plaisir dans son état serait sûrement proche du viol. Il aurait l'impression d'abuser d'elle et il ne tenait aucunement à se le faire reprocher ensuite par Anna elle-même. De surcroît, son état à lui était assez pathétique, aussi ; courbatures partout, épuisement extrême, cernes à en mourir et surtout la migraine significative d'un lendemain de pleine-lune. Bref, à moins qu'il ne soit un sur-homme, il ne fallait pas trop espérer de lui physiquement parlant. Le loup lâcha tout de même un petit rire, amusé par l'attitude de son amie. Elle s'était voulue sensuelle, et malgré cet air de pochetronne, ça avait marché et lui avait fait de l'effet. Et puis finalement, il avait envie de se jouer d'elle, un peu.

Attrapant sa main pour mêler ses doigts aux siens, il la poussa doucement contre le mur du couloir et planta son profond regard dans les yeux de la belle Leniwy. Il affichait un sourire un peu malsain alors qu'il se rapprochait dangereusement de son corps. C'était quoi, ce changement radical ? Trop rien, il avait envie de s'amuser pour oublier les douleurs qui pulsaient dans tout son corps. Et aussi pour embêter Anna, c'était sûr, donc. Noah posa ses mains de part et d'autre de son visage et fit fondre ses lèvres contre les siennes, délicatement, l'embrassant avec cette même sensualité dont il avait été la cible plus tôt. Ses baisers pleuvaient ensuite dans son cou alors que son bassin se mouvait lentement contre le sien. Un regard à droite, à gauche : un couloir toujours aussi désert, il pouvait pousser le désir plus loin, encore. Ses mains glissèrent donc le long des courbes de la brune pour rejoindre sa taille, ses lèvres toujours occupées par ses jumelles, avant que ses doigts ne frôlent distraitement la cuisse d'Anna. Peau toute douce que Noah adorait, d'ailleurs. Il ramena sa jambe contre sa hanche pour se faire encore plus proche qu'il ne l'était déjà puis posa sa seconde main à plat contre le mur, conduisant sa bouche à l'oreille de la Leniwy. « T'aimerais bien, mh ? » Ah, ce lover. Pour un peu, il oubliait que ce n'était qu'un jeu mais ça ne changeait rien au fait qu'il soit trop mort pour s'exciter tout seul comme un débile. Tant mieux ! Le ténébreux jeune homme disparut aussitôt pour laisser place au gentil Noah qui commençait à rire. Auto-dérision, vous comprenez : il se sentait comme le petit con de tout bon film. « Hé ben non. Désolé, sweetie, t'es trop bourrée et je suis trop claqué. » Il lui vola un dernier baiser parce qu'il voyait le coup de gueule arriver à des kilomètres. A moins qu'elle ne se la joue gamine qui fait un caprice, mais dans les deux cas, ça n'allait pas être agréable. Pourtant, ça le faisait sourire. Il se recula de quelques pas et observa la demoiselle, non sans malice dans le regard. Parfois, il était à frapper, non ? Mais nooooon. Qui pourrait. « Demain, si t'es sage. » Ça laissait une marge de manœuvre si jamais... Ah d'ailleurs, sa libido augmentait plus ou moins selon le taux d'alcool dans le sang ou bien elle ne s'était pas rendue compte de ce qu'elle disait ? Peut-être les deux, tien. Il notait ça dans un coin de sa tête.

Plongeant ses mains dans les poches de son pantalon, Noah entreprit quelques pas pour quitter cet endroit pas très sympa pour désouler. Et soudain : un flash. Cinq étages... Cinq putains d'étages qu'il devait monter les uns après les autres tout en surveillant sa petite protégée. Argh, sans déconner ? Y avait pas un passage secret dans ce château magique ? Un truc qui le ferait voler sans effort ? S'il y avait un matelas au sol, en tout cas, il aurait fait ses adieux au monde avant de se laisser tomber par terre, gah. L'Hytrist ferma violemment ses yeux pour chasser la fatigue qui lui détruisait sa précieuse vue. Ça faisait combien de temps qu'il n'avait pas dormi ? Trop longtemps, malheureusement. Découragé, il était juste... découragé, maintenant.