➢ Je ne sais pas ? Je ne l'ai pas devant les yeux, quoi qu'il en soit. Et ce genre de questions débiles, ça me fatigue. *soupire* Bon. J'sais pas, je pourrais sans doute voir. Mh. Un fennec. Ou bien une limace, qu'est-ce que j'en sais ! Ou peut-être une famille... Avec un ou deux gosses qui jouent à la balançoire, parce que ça ressemble à une jolie petite famille idéale et que j'aimerais bien connaitre ça un jour. Ça pourrait aussi être moi, avec elle dans mes bras, parce qu'elle ne le sait pas mais je l'aime. Mais ça pourrait aussi être toi qui la ferme et qui me soule pas avec des questions aussi connes.

➢ choix deux : Je vais être très clair : ce n'est pas que je n'aime pas m'emmerder profond à une soirée pourrie où toutes les filles sont ou moches ou fidèles, non. C'est simplement que, quitte à me faire chier, autant que ça m'apporte quelque chose de bien, comme par exemple : une nouvelle preuve du fait que je peux être très bon. D'ailleurs, j'vais rejoindre la fête après, puisque je suis capable de faire les deux. C'est l'histoire d'une heure. Enfin, une heure et deux minutes, à cause de ce prof. He ? Boire un verre pour me féliciter ? *arque un sourcil.* C'est quoi ce type... ? "Je préfère m'en tenir à une simple relation élève/professeur, mais merci." Un ton catégorique ensuite agrémenté d'un fin sourire. Et puis, je le laisse en plan. Il voulait me parler de quoi, sérieusement, après avoir applaudi mes performances ? Je ne crois pas pouvoir tenir une conversation avec un professeur... et je crois que je n'en ai pas très envie non plus.

➢ choix un (pour les sorciers) Très franchement, c'est pas marqué sur leurs fronts. Et je leur pose pas la question pour éviter de me faire contaminer, si jamais, non non. Partant de ce principe, je ne fais donc pas la différence et suppose alors que ça ne change pas grand chose. Je rajouterais aussi que je suis sans-mêlé, ça serait un peu l'hôpital qui se fout de la charité, si je n'étais pas d'accord. Donc en fait, je m'en tape, pour faire simple.

« J'aurais pu naître dans une famille aimante, heureuse de la venue du petit dernier. J'aurais eu un frère ou une sœur, que j'aurais chéri et à qui j'aurais montré l'exemple. Mais non. Tout ce à quoi j'ai eu droit, c'est à une mère lâche et à un père faiblard. J'avais tellement honte de cet abandon pur et simple que je me présentais naturellement comme étant orphelin. Chose que je fais encore aujourd'hui, même si ce n'est plus pour les mêmes raisons. Maintenant, je réalise que je suis ce que je suis grâce à toute cette merde et, si je ne m'aime pas beaucoup, je ne me déteste pas non plus. Je me considère comme chanceux. Merci papa, merci maman, de m'avoir poussé à être l'opposé de ces minables êtres-humains que vous êtes... ou étiez. »


Abandonné, seul et perdu. Certes, mais tout n'est pas ou blanc ou noir. Pour preuve, de cette triste âme laissée sur le trottoir de la vie résulta finalement un petit garçon assez débrouillard, courageux et déterminé. Porté par l’écœurement d'une lâcheté inavouée, faire des sacrifices ne fut pas si difficile. Non, le plus dur, ce fut bien d'en supporter les conséquences. A force de combler le manque d'un père attentif et d'une mère affectueuse tout en s'assurant un avenir, Noah était plus seul que jamais. Le passé nous entrave, mais nous forge aussi, et le jeune homme a fini par trouver ça ironique. Pourtant, que ce soit irréfléchi, instinctif ou purement calculé, il n'a jamais baissé les bras. Toujours faire face, quoi qu'il arrive. Quitte à être fourbe et hypocrite. User de ruses pour s'en sortir, pour palier l'isolement, ce n'est pas aller contre le bien-être des autres, si ? Noah a toujours cru que c'était chercher le sien, avant tout autre chose. Bref. Il a grandi comme il a pu. Ce n'était pas le genre d'enfant à se faire des amis facilement. Il avait comme une aura qui criait aux autres de ne pas l'approcher. Une ou deux exceptions l'ont probablement aidé à garder la tête hors de l'eau, jusqu'à l'abandonner, à leur tour. Ses fréquentations les plus proches n'étaient que drogués, mentalement dérangés ou juste marginaux franchement malsains. Tout à fait le genre de personnes qui ne devraient jamais s'approcher d'un gamin de dix ans. Et pourtant, pourtant... Noah s'en accommodait parfaitement, un peu trop même. Ça lui faisait de la compagnie et un semblant d'amis : youpi ! C'était l’insouciance, la naïveté incarnée, parce qu'il n'avait personne pour lui montrer le chemin à suivre, le meilleur possible. C'est ainsi qu'un soir, en une seconde, il vit son ADN changer sans qu'il ne puisse rien y faire. De petit sorcier démuni, il devint un petit sorcier lycanthrope démuni. Ah le destin, ce bâtard. Sept lunes plus tard, alors qu'il était âgé de onze ans, il subit sa première transformation, aussi douloureuse que son état moral des onze années précédentes. Les traits de son caractère les plus forts devinrent incontrôlables. Colérique, agressif, il en avait assez de souffrir. Cette façon qu'il eut alors de se préserver du monde entier ne fit que le repousser dans sa solitude profonde. Cynisme, ironie, art de rabaisser plus bas que terre, d'enterrer vivante toute fierté trop exacerbée à son goût. La provocation, les regards noirs... Noah était pourtant gentil, c'était lui qui voulait le bien des autres, lui qui se préoccupait du sort de ses rares amis, quand il en avait. Il fallait tout cacher, tout couvrir. Ne plus se faire avoir par cette connasse de vie était synonyme de devenir quasi insensible. Et dès lors, il fit ce que bon lui semblait jusqu'à atteindre chacun des buts qu'il s'était fixé. Il avait surmonté la fuite de sa mère, le rejet de son père, la solitude, la morsure ; il était temps de décider que c'était terminé.

Monsieur Han, qui parvenait à l'ignorer jusque là, ne put passer outre le comportement de ce monstre plus longtemps. « Il y a une école pour les gens comme toi, en Europe. Mriya Shkoly. » La dernière fois que son père lui adressa la parole, ce fut pour subtilement lui dire d'enfin partir de cet endroit. A quinze ans, Noah rassembla ses affaires et quitta son Amérique pour rejoindre la frontière ukraino-polonaise et trouver sa place.