➢ Que verrai-je ? Ceci est une très bonne question. Tout dépend si vous parlez de mon côté humain ou de mon côté vampire. La part d’humanité qui sommeille quelque part en moi ne souhaite qu’une seule chose, la vie et pouvoir ressentir toutes les saveurs qu’elle nous apporte car chaque instant peut être le dernier et que tout est beaucoup plus beau parce que nous sommes condamné. Le côté vampirique de mon âme, celui qui domine ma personnalité, ne souhaite rien d’autre que la paix et des personnes qui peuvent comprendre ce que je ressens. Je me vois un jour de bal dans mes plus beaux apparts entourés de tous les gens qui m’étaient chers mais aujourd’hui qui n’appartiennent plus qu’au domaine des Ombres. Je me vois tenant la main de celle que j’aimais, celle à qui je m’apprêtais à demander en fiançailles à son père.


➢ En fait, je suis studieux parce que la conversation des autres m'ennuis profondément. Je ne les trouve pas assez cultivé ou alors quand ils le sont, ils ne savant pas réfléchir à bon escient. Autant vous dire que je préfère faire mes devoirs plutôt que de faire la fête en compagnie de jeunes personnes dont le réglage hormonal n’a pas encore tout à fait pris fin. Je suis toujours en avance dans mes devoirs et ceux-ci sont toujours rendus en temps et en heures à mes professeurs. Je suis attentif en cours, je participe activement et répond aux questions de manière pertinente ce qui me vaut l’honneur d’être bien vu de tous. Je suis un modèle de réussite pour certains élèves et les professeurs citent souvent mes devoirs comme exemples. Mais si un professeur me proposait un verre, je déclinerais gentiment sa proposition. Je ne suis pas de ses immondes lèches bottes qui veulent se faire bien voir et autant dire que les personnes qui ont un tel comportement doivent être hors de ma vue car elles m’insupportent au plus au point.

➢ Ce que je pense de l’arrivée de ces personnes dans notre établissement ? Dans un sens, ils ne me dérangent pas tant qu’ils se tiennent loin de moi. En réalité, leur émerveillement continuel pour l’école en devient presque pitoyable. Dans un autre sens, je suis aussi un conservateur et un sang pur, donc je ne souhaite même pas voir l’ombre de ces moldus dans les couloirs de notre école. Mais la nouveauté ne fait de mal en rien, n’est-pas ? Tant qu’ils ne sont pas dans mon « espace vital », je les tolère, mais ils n’ont sous aucuns prétextes le droit de m’approcher. Cela serait une grave erreur de leur part.

Tout commence un certain trois février de la divine année 1640, ce soir-là il faisait froid & ma mère souffrait le martyre quelque chose d’assez courant pour une femme qui accouchait en ce temps-là. Dans un dernier cri de douleur, ma mère me donna la vie. Malheureusement pour moi, son bonheur ne fut que le temps d’une nuit, car elle mourut le lendemain de ma naissance. Mon père était l’ambassadeur du Siam à la Cour de Louis XIV, comme il était d’usage à cette époque d’avoir plusieurs conquêtes de courte durée et bien lui à l’instar des européens, il se prit une favorite. Il jeta son dévolu sur ma mère & lui donna un enfant, moi, après seulement quelques mois passés ensemble. Les domestiques de la famille maternelle me remirent entre les mains des domestiques de mon père. Il ne s’occupait que très peu de moi, oubliant parfois ma présence. J’ai été élevé par ses domestiques & autres instituteurs ou gouvernantes. A l’âge de seize ans, il prit enfin conscience que j’existais. Il me fit découvrir nombre de choses. Au cours de mes années d’instruction, j’ai pu apprendre ma langue paternelle, l’art de l’escrime et je devins un très bon orateur. Je captivais la foule grâce à de beaux compliments et de jolis vers fort bien tournés. J’étais en quête de perfection et de reconnaissance d’autrui. A l’âge de dix-huit ans, je fus introduit dans le monde de la Cour où tout n’est que ruse et apparence, un milieu dur lorsque nous sommes élevé à être un honnête homme et puis on se tait, on écoute et on apprend. Ainsi, j’ai acquis une vision et une ouïe fine me permettant de tout comprendre sans plus chercher les sens cachés de chaque mot prononcé. Dans cette Cour évoluait quantité et diversité de personnes, chacune venues assistées à la naissante d’une Etoile que plus tard nous nommerions Roi Soleil. Il donnait toujours de grands bals, plus somptueux les uns que les autres. Une chose nous attire lorsque la Nature vous a parée de tous les charmes possibles comme l’intelligence, la beauté & autres qualités dont on raffole encore aujourd’hui, je suis un bel esprit comme on disait, cette chose n’est autre que l’objet de l’attention de tout homme, les femmes. Elles s’accrochaient à moi, je les attirais tant par le voile de mystère qui m’entourait, tant par mon origine pour le moins exotique. Je ne connaissais pas le véritable sens du mot Amour en ce temps, je ne pouvais que succomber au plaisir de la chair en laissant la raison enfouie au plus profond en moi. Et puis, un soir, âgé alors de vingt trois ans tout juste, je fus invité personnellement par Sa Majesté au grand bal qu’il donnait en l’honneur de sa nouvelle favorite. J’apparus vêtu de tout ce qu’il y avait de plus somptueux et de plus beaux, mais je ne pouvais rivaliser avec le Soleil. Je n’étais qu’une flamme de bougie, enfin c’Est-ce que je croyais. En effet, je fus remarqué par plusieurs femmes, mais une seule d’entre-elle pu avoir le privilège de capter mon attention. Elle était certes d’un âge bien plus avancé que moi, mais elle n’en était pas moins séduisante. Ainsi, nous nous promenions dans les grands jardins à la française. Nous nous arrêtâmes u moment sur un banc pour regarder la beauté de la Lune, astre capricieux qui joue de son influence sur nous. Elle profita de cet instant pour me sauter à la gorge. Elle me laissa pour mort croyant m’avoir vidé de mon flux vital. J’ai encore vivant ou plutôt à demi mort. J’ai trouvé encore quelques forces pour ramper jusque dans une sorte de caverne ou un terrier. Le son du grelot retentissait sans cesse dans ma tête. Le calvaire que je du supporter pour me transformer sembla durer mille ans mais il en était rien en réalité; Au moment où je crus que la douleur allait me rendre fou, mon dernier battement de cœur se fit entendre. Ce fut alors une renaissance. Je m’enfuis pour les Indes où je perfectionnais ma maitrise de la langue siamoise. Je fis le tour du monde durant les trois cent premières années de ma vie. Je vivais caché hors de la vue des hommes car j’avais honte. Je ne vivais que la nuit. Je me nourrissais au début de pauvres âmes croisant mon chemin, mais ma conscience au bout d’un moment ne pouvait plus supporter les meurtres que je commettais sur des âmes innocentes. Je m’évertuais à trouver une solution à mon problème, mais j’en suis venu à la conclusion que seule ma mort pouvait être bénéfique. Mais mes tentatives furent bien vaines. La mort ne désirait pas de mon âme, alors je m’appliquais ce dans quoi j’étais doué : l’apprentissage ainsi j’appris à maitriser mes dons de sorcellerie longtemps refoulé. Dans mon esprit, être à la fois un vampire et un sorcier, cela relevait de la damnation des Cieux. Mais mon instruction dans ce domaine ne pouvait s’effectuer sans l’aide d’un personnel qualifié. C’est ainsi que j’appris l’existence de cette école. Je décidai donc de m’y inscrire dans le but de trouver des réponses à mes questions et renouer avec les saveurs de la vie à laquelle je n’ai plus de goût mais que mépris.