Il était tombé de son balai. Lui, lui qui ne fautait jamais, lui qui s’appliquait au jeu, était tombé de son balai. Chose qui ne lui était jamais arrivée de sa vie, même quand il avait appris à voler. Heureusement, Feng avait pu être retenu, avant de s’écraser au sol, mesures de sécurité très certainement mises en place. Mais, il était frustré. Trainant les pieds dans le sable, il refusa de continuer l’entrainement. Il n’avait pas la tête à se concentrer, il voulait juste s’évader, et il pensait qu’étant sur son balai il pourrait se vider l’esprit. Erreur. A partir du moment où il se vit tomber dans le vide, il avait bien compris que ça n’allait pas. Qu’il n’allait pas bien. Ses épaules commençaient à flancher dernièrement, et même si il ne le voulait pas, il commençait à se dire qu’augmenter les doses de sa petite poudre blanche ne serait pas trop mal. Il ne pouvait pas échapper à son destin, à sa vie, ou à ses responsabilités. Malgré son rang, son nom, sa « chance » il ne pouvait pas se sentir autrement que prisonnier. Et même si il a accepté cette fatalité, il y avait des périodes comme celle dans laquelle il se trouvait à présent, ou continuer à se lever le matin et faire comme si tout allait bien n’était plus suffisant. Il venait de jeter son balai sur le côté, se débarrassant de sa tenue et ses différentes protections, enfilant sa cape, et s’éloignant du terrain de quidditch.

Le soleil commençait à se coucher, et il murmura quelques mots dans une langue que nul ne pouvait comprendre. Les mains dans les poches, capuche sur la tête, la colère l’emportant sur lui, il s’éloignait de l’établissement, prenant le chemin de la forêt. Ce n’était pas grave si on n’avait pas le droit d’y aller, personne ne le surprendrait la main dans le sac, et puis, il ne risquait absolument rien ; un dragon de petite taille, connu des moldus marchait derrière le jeune homme. Drak veille toujours sur son maitre, et au pire des cas, il y a toujours des reptiles dans les forêts, c’était bien connu.


[…] Lents, lents et irréguliers. Lents, longs et irréguliers étaient les pas que Yi Feng faisait. Il sortait enfin de la forêt. Les yeux rouges, une odeur sucrée l’entourant, les pupilles dilatées aussi, et Drak à ses pieds, le jeune chinois marchait en direction de l’école. On ne voyait pas son visage, la nuit ne le permettait pas, son éternelle capuche rabattue sur sa tête non plus. On ne le voyait pas de toute manière, baguette sous sa cape, il avait pris soin de faire en sorte que nul œil ne puisse voir sa silhouette bouger dans la pénombre. Une à une il monta les marches lui permettant de rentrer dans le bâtiment principal, si vieux, et si imposant. Une à une il marcha sur les pierres formant ce couloir. Et une à une il descendit les marches le menant au sous sol. Ce n’est qu’une fois en sécurité, près de sa salle commune, que Feng quitta sa capuche. Ses mains tremblaient quelque peu, et il les passa sur son visage pour essayer de se réveiller un peu. Il pénétra dans la salle commune et comme attendu, celle-ci était occupée. Il ignora tout le monde, le jeune homme ne prit pas le temps de saluer ceux qu’il connaissait qu’il montait déjà vers les dortoirs. Il voulait une douche pour se rafraichir, une bonne douche pour retirer la crasse qui s’était collée à sa peau. Il avait besoin d’une douche pour faire retomber la colère aussi. Elle ne s’était pas envolée. Après 4 rails, cette colère était toujours là à l’habiter. Le problème, c’est qu’il n’arrivait pas à déceler envers qui il était en colère. Envers son père ? Envers sa mère ? Envers la vie ? Envers lui-même ?

Poussant la porte de sa chambre il quitta ses chaussures et son uniforme, prenant le temps de crier dans cette pièce insonorisée. Il avait besoin d’évacuer cette rage, seulement, il ignorait réellement comment faire. Il s’en cassa la voix. Drak regardait Yi Feng inquiet et se colla à ses chevilles. Le jeune Liu ne broncha même pas, le laissant faire, prenant ses affaires de toilette et allant dans la salle de bain.

Il fit couler l’eau. Brûlante. Il se posa sous le jet d’eau, et n’en bougea pas. Il ferma les yeux, la tête légèrement baissée, collant son dos au mur. Il ne bougea plus. Ses yeux étaient injectés de sang quand il les ouvrit de nouveau, et ils fixaient le vide. Il ne remarqua rien, il était perdu dans ses noires pensées, et telle une statue, il ne fit pas plus de bruit, que l’eau qui coulait sans relâche.