Pour la première fois de la saison, les Leniwy avaient perdu leur match contre les Hytrist. Il faut dire qu’ils avaient tous le moral à zero pendant le match, ils savaient très bien que l’équipe adverse n’avait pas fait les choses à moitié durant leurs deux derniers matchs. Ils avaient surement eu peur de se prendre une taulée et de ce fait le jeu d’équipe n’avait pas été très bon.

Mee Na était parfaitement consciente que son jeu avait été des plus mauvais. Elle ne saurait pas trop juger comment elle était par rapport au reste de l’équipe mais elle ne pouvait s’empêcher de se rabaisser. Elle n’avait même pas trouvé le courage de garder le sourire et de remotiver l’équipe après cette défaite. C’était surement pour cette raison qu’Eden avait plus sa place qu’elle à ce poste. Lui avait su venir voir chacun que ses coéquipiers pour leur taper dans le dos et leur dire que ce n’était pas grand-chose et que ça arrivait même aux meilleurs de perdre un match. Mais ce n’était pas la défaite qui décevait Mee Na, c’était vraiment son jeu. Pas une seule balle de bonne, de mauvaises réceptions et elle avait manqué de tomber de son balai à plusieurs reprises. Elle ne savait pas trop pourquoi mais elle avait été très fatiguée et incapable de donner le meilleur d’elle-même.

Elle avait quitté le terrain non pas énervée mais vraiment déçue. Elle n’avait pas le sourire qu’elle affichait d’habitude. Elle n’aimait pas être aussi décevante, ce qui se comprenait parfaitement. Dans les vestiaires elle s’était changée sans dire un seul mot, pas un seul regard échangé, pas un seul encouragement. Rien, elle était restée muette et tranquille dans son coin. C’était une Mee Na assez inhabituelle que l’on avait là. Elle avait même manqué de déchirer une partie de son équipement lorsqu’elle se changeait et ça la fit rire nerveusement. Elle s’en alla sans même prendre le temps de dire au revoir, on aurait pu se demander si c’était vraiment elle qui était là. Jamais elle n’avait été aussi affectée par une défaite, jamais personne ne l’avait vue aussi mal alors qu’elle venait de vivre sa passion. Mais personne n’osa poser de question, parce que jamais elle ne répond lorsqu’on l’interroge sur son état d’esprit. Généralement elle camouffle tout par un sourire, mais cette fois là le malaise était tel que c’était quasiment impossible.

Elle traversa tout le parc pour rejoindre le château le plus rapidement possible. Evidemment le temps n’était pas au beau fixe. Il devait surement être accordé à l’humeur de la jeune Leniwy. Elle s’arrêta en plein milieu du chemin, tendant la main devant elle et levant les yeux au ciel. Aucun doute, il allait pleuvoir. Est-ce que cela signifiait qu’elle allait pleurer ? Ce n’était pas arrivé depuis la disparition de sa mère et de sa sœur, il n’y avait aucune raison qu’elle laisse couler des larmes simplement pour une défaite. Ce malaise allait rapidement lui passer, elle le savait. Et puis, c’était surement plus mental qu’autre chose, elle n’était déjà pas dans son assiette depuis quelque jour, surement parce qu’elle ne sortait jamais assez couverte. Elle se retourna et remarqua que tout le monde était en train de sortir des gradins. Les pourpres faisaient la fêtes, ils étaient heureux et ça s’entendait aux hymnes chantés au loin. Mais elle se rappela que Beniko, Mee Na et Cody allaient surement se trouver dans les parages. Elle ne voulait pas les voir, elle ne voulait pas les inquiéter avec son état inhabituel et se mit à courir à nouveau vers le château.

Il n’y avait qu’une seule et unique personne qui pouvait lui remonter le moral à cet instant. C’était Ki Suk, son éternel meilleur ami. Elle le connaissait depuis son arrivée dans l’école. Elle ne sait plus pourquoi mais dans le train, elle avait absolument tenu à se mettre dans le même compartiment que lui. Elle avait presque fait une crise lorsqu’on lui avait dit de se mettre à côté. Certains disent que c’est parce qu’elle était tombée amoureuse de lui, mais elle savait très bien que non. Elle avait décidé que ce serait son ami et puis c’est tout. Il s’est avéré qu’en réalité les deux gamins se ressemblaient beaucoup. Mais ce jour là, elle avait eu beau regarder attentivement dans les gradins de Hotinya, elle n’avait pas pu le voir. Elle ignorait pourquoi il n’était pas venu la soutenir, mais elle ne pouvait pas lui en vouloir après tout.

Elle ne s’était pas trompée, de grosses gouttent avaient commencé à tomber sur le chemin du retour. C’était surement à cause de tous ceux qui chantaient chez les Hytrist… Tous des casseroles. Peu importe elle avait réussi à rejoindre le château sans être trop trempée. Elle savait parfaitement ce qu’elle allait faire à présent. Il était hors de question qu’elle se rende dans sa salle commune, si c’était pour se prendre des remarques plein la gueule ou que tout le monde tente de la réconforter, ce n’était pas la peine. Nan, elle allait simplement rendre visite justement à Ki Suk. Elle savait très bien que c’était interdit de se rendre dans la salle commune d’une autre maison mais… Elle en avait besoin. Il lui avait filé le mot de passe en la faisant jurer de ne jamais le révéler et de ne pas prendre l’habitude de s’y rendre. En plus de trois ans dans cette école, elle ne s’y était jamais rendue mais là, elle ne pouvait plus se contenir. Après tout, elle risquait seulement quelques heures de retenue… Ce n’était vraiment pas la mer à boire.

Elle monta les marches jusqu’au troisième étage tentant de se faire la plus discrète possible. Ce n’est pas très facile lorsque l’on est populaire. Une jeune fille aussi sociable et souriante et en plus de cela poursuiveuse dans son équipe de quidditch, on ne peut que se faire remarquer. Mais la majorité des sorciers étaient encore dehors et la plupart allaient partir fêter cette victoire au village voisin. Pour le moment tout s’était fait sans encombre. Mei avait rejoint Mee Na sur le trajet et était perchée sur son épaule. La jeune femme lui demanda de se charger d’aller chercher son meilleur ami une fois qu’elles seraient à l’intérieur de la salle commune. Elle n’allait pas non plus prendre le risque de se faufiler dans le dortoir des garçons…

Elle donna le mot de passe et une fois qu’elle eut pénétré dans la salle, Mei se dépêcha d’accomplir son devoir. Mee la regarda un petit sourire aux lèvres. Le premier de la journée d’ailleurs… Le premier réflexe de la jeune femme fut de s’affaler sur le canapé complètement dépitée et exténuée.

« Kiki, dépêche toiiiiii. Sauve moiiiiiii. »