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Depuis qu’elle s’était réveillée, Joo Hee allait et venait dans les couloirs sans trop porter attention aux autres. La raison ? Eh bien elle avait reçu un hibou de sa mère ce matin-là au petit déjeuner, lui annonçant qu’il y avait une lettre de son père qui était arrivée par la poste et elle lui était destinée. Naturellement, la demoiselle ne savait pas trop quoi en penser. À vrai dire, elle avait fait un point d’honneur à ne pas y penser justement et maintenant elle se voyait pratiquement forcée de le faire. L’envie de lui dire de déchirer cette lettre la brulait toujours un peu plus au fur et à mesure qu’elle avançait dans la journée. Cela dit, ce n’était pas une décision que la Mudrist pouvait prendre à la légère, mais bizarrement, c’était tout ce qu’elle pensait à faire. Après tout, si ce n’était pas important, ce n’était pas grave qu’elle le traite ainsi. Puis, elle en voulait toujours autant à son père de toute façon. Sauf que d’un autre côté c’était peut-être quelque chose d’important et si elle s’en débarrassait comme si c’était une carte d’anniversaire, elle allait possiblement le regretter. Le pire, c’est qu’elle ne se voyait pas en parler à qui que ce soit, ce n’était pas comme si c’était une position facile à comprendre et qu’elle faisait un plat pour une toute petite lettre finalement. Certes, il y avait Chloé à qui elle pourrait en toucher un mot, puisqu’elle savait le fond de l’histoire, mais elle ne voulait pas l’embêter avec quelque chose de si petit. Puis c’était à elle de décider, elle devait le faire d’elle-même.
Dans ses cours, ça ne valait pas vraiment la peine, elle avait bien trop de mal à se concentrer, heureusement qu’elle n’avait pas d’enchantements à lancer. Son regard se perdait dans le vide pendant qu’elle pensait à tout ça et sa concentration était tout simplement mauvaise. Ses professeurs le remarqueraient sans doute et on ne parlait pas de Yong Woon, son rival de toujours, mais elle n’avait pas plus la tête à penser à ça. Heureusement les cours finirent par terminer et sans plus attendre Joo Hee obliqua tout simplement vers sa chambre. Elle n’avait pas envie de devoir discuter pendant des heures avec quelqu’un si bien qu’elle serait beaucoup mieux seule dans sa chambre. Peut-être que ses compatriotes viendraient, mais au pire, elle ferait semblant de dormir. Oui bon, ici on voyait un classique ‘je fuis mes problèmes’ de la part de la jeune femme, mais ce n’était pas plus étonnant que ça, surtout pas venant d’elle.

À peine entra-t-elle dans la chambre que Gong, son petit panda lui sauta dessus. Il devait avoir faim le pauvre, elle n’était pas passée pendant la journée pour lui donner son énième repas de la journée - oui ce petit animal était en fait un goinfre invétéré. Elle s’excusa à son panda et alla sortir un sac de nourriture de sa table de chevet, table de chevet qui semblait avoir été malmenée par son animal de compagnie. Amusée par ce fait, Joo Hee lui laissa le sac pour qu’il se contente à sa guise alors qu’elle attrapait la lettre que sa mère lui avait envoyé. C’était nettement moins drôle, mais Gong avait réussi à lui arracher un sourire alors elle s’en portait un peu mieux. Elle décida donc de la lire à nouveau, cherchant un indice pour trouver ce que la lettre de son père disait. De toute évidence sa mère ne l’avait probablement pas lu si bien qu’elle ne pouvait pas espérer un bon indice. Un soupir traversa ses lèvres alors que sa main trouva le pelage de Gong qu’elle flatta gentiment. Elle était toujours contente de passer un moment avec son animal de compagnie, après tout, il ne posait pas de question lui, il ne lui demandait pas comment elle allait et tout le reste. C’était pratiquement idiot qu’elle pense ainsi, mais venant de Joo Hee ce n’était pas tellement étonnant. Le panda roux avait aussi l’avantage de ne pas pouvoir l’abandonner, un trait qui était oh combien important pour la demoiselle. Elle finit par déposer la lettre sur la table de chevet, elle devait prendre une décision, répondre à la lettre de sa mère, mais elle ne savait toujours pas quoi lui dire.

Bien que sa décision n’était pas prise, après s'être changée, la demoiselle décida de sortir de sa chambre et de se diriger vers la volière pour répondre. Elle pourrait toujours se décider entre temps, ce n’était pas comme si elle était près d’arriver à la volière en tant que tel. Gong sur ses talons, bien qu’elle n’était pas convaincue que c’était une si bonne idée de l’emmener avec lui jusque là, Joo Hee se mit donc en route. Elle pensait à ce qu’elle allait écrire, à ce qu’il fallait qu’elle dise surtout. Elle aurait aimé que sa mère la conseille un peu, limite lui dise quoi faire. Ça lui aurait sauvé du temps et elle n’aurait pas eu à se casser la tête comme ça. Sauf que bon, sa mère l’avait toujours encouragée à être indépendante alors qu’elle lui dise quoi faire aurait été oh combien étonnant. Soupirant pour la énième fois alors qu’elle gravissait les marches de la volière, Joo Hee décida qu’elle demanderait tout de même de déchirer la lettre, tant pis, son père n’avait jamais été là pour elle alors elle n’avait aucune raison d’être là pour lui peu importe la raison qui l’avait poussé à lui écrire. En entrant dans la volière, elle chercha le hibou que sa mère lui avait envoyé, bien inconsciente qu’une autre personne était dans les parages et pas n’importe qui...

Si elle avait su ce qui l’attendait, ou plutôt qui l’attendait involontairement, dans la volière, Joo Hee n’aurait probablement pas pris de chance et ne serait pas venue dans les parages. Néanmoins, pour l’instant, elle en était bien inconsciente et chercher le hibou que sa mère lui avait envoyé semblait être la priorité du moment. Pour pouvoir répondre et surtout pour pouvoir se débarrasser de ce qui la tracassait depuis le matin. Après tout, une fois qu’elle aurait demandé de déchirer la lettre, elle n’en entendrait plus parler et elle pourrait avoir la paix à ce niveau là. Peut-être que certaines personnes se demanderaient pourquoi elle ne donnait pas une chance à son père, ne serait-ce que pour ravoir cette présence paternelle dans les parages, mais bon, il fallait s’y attendre venant de Joo Hee, elle n’avait pas envie d’accepter qu’il revienne dans sa vie pour qu’il finisse par l’abandonner à nouveau. Ce serait idiot de sa part à quelque part, puis de toute façon elle n’était pas tellement du genre à pardonner comme ça quand les gens l’abandonnaient. Cela dit, elle avait encore le problème de trouver le fichu hibou qui ne semblait pas être d’accord avec cette magnifique idée. Après, il fallait dire qu’il y avait suffisamment d’oiseau pour que ça lui prenne un moment à le trouver, surtout considérant qu’elle n’avait franchement aucune idée de comment l’attirer. Le pire, c’est qu’il y avait Gong qui attirait un peu trop l’attention des oiseaux dans la volière. Peut-être qu’il vaudrait mieux qu’elle en prenne un autre, sa mère était capable de vivre avec l’idée de ne pas avoir son oiseau de départ. Un soupir traversa ses lèvres lorsque Gong commença à grogner derrière elle, mais elle ne s’en préoccupait pas tellement. Elle était bien occupée à chercher l’oiseau qu’elle n’avait pas tellement intérêt à surveiller son panda roux alors qu’il était surement en train de grogner après un oiseau qui avait passé trop près de lui.

Cela dit, c’était une théorie valide qui aurait pu fonctionner si seulement une voix n’avait pas briser le silence : « Ça faisait longtemps Joo Hee... » Évidemment, elle n’avait même pas besoin de se retourner pour savoir de qui il s’agissait et très sincèrement, elle n’avait pas tellement envie de le faire. Cela dit, partir là ne serait probablement pas un comportement idéal. Elle avait beau l’éviter pratiquement dès que possible c’était un peu plus difficile à faire quand ils étaient seuls dans une volière et qu’il était évident qu’il l’avait vu. Joo Hee se mordit la lèvre en se retournant pour éviter trop de réaction de sa part. « Oui vraiment... dis-donc. » On pouvait voir un manque d’enthousiasme profond de sa part, mais en même temps c’était peut-être une réaction normale quand on y pensait, mais bon. Un soupir traversa ses lèvres alors qu’elle cherchait quelque chose à dire ou plus particulièrement un moyen de s’en aller le plus rapidement possible. Ça semblait plus complexe que ça en avait l’air, après tout elle avait toujours des sentiments pour Pyotr et en le voyant devant elle c’était plutôt difficile d’ignorer tout ça. Cela dit, il ne fallait pas oublier le sentiment qu’il lui rappelait toujours ce qu’il avait fini par faire et franchement elle ne pouvait pas ignorer ça comme le reste.
Heureusement pour elle, son super animal de compagnie se chargea de lui changer les idées en commençant à montrer les dents à Pyotr. Il fallait croire que Gong avait aisément pris l’atmosphère de la situation et il reconnaissait cet homme comme étant celui qu’il n’avait jamais vraiment aimé, - probablement à cause du faucon. Pour éviter une scène et surtout n’ayant toujours pas remarqué la présence du faucon en question, Joo Hee attrapa son panda dans ses bras elle finit par plaisanter : « Désolée, il n’est toujours pas très commode... » Il fallait préciser qu’il ne l’était pas avec lui pratiquement uniquement même, mais bon c’était un détail et ça ne se glissait pas si bien dans la conversation au final. Sauf qu’on revenait à l’idée qu’elle devrait plutôt être en train de se pousser subtilement. Elle pouvait dire qu’elle avait fini ce qu’elle était venue faire, mais d’un autre côté, avec du papier et une plume dans la main ce n’était pas terrible. Elle avait beau être douée pour mentir, elle ne tromperait pas un enfant de quatre ans en disant ça. « Alors... hm... quoi de neuf ? » Vraiment c’était probablement la pire chose à demander, d’abord parce que c’était nul comme question, mais aussi parce qu’elle n’avait nullement envie d’entendre la réponse à cette question. Sauf que maintenant qu’elle l’avait posé elle ne pouvait pas vraiment se pousser subtilement ou non. Elle trouva tout de même une surface plane pour écrire la réponse qu’elle allait envoyer à sa mère, en faisant mine d’écouter ce que Pyotr allait dire.